De slate.frLes embryons datent de 195 millions d'années et auraient pu donner naissance à des Lufengosaurus de 9 mètres de long pour 1,7 tonne. Et ils expliqueraient la croissance rapide de ces mastodontes.
Par Michel AlbergantiVue en coupe d'un fémur trouvé dans un oeuf fossilisé de Lufengosaurus. Photo : A. Leblanc - Nature La découverte fait grand bruit et enthousiasme les paléontologues. C'est en Chine qu'ont été trouvés des oeufs fossilisés de lézards du Lufeng, autrement dit des Lufenfgosaurus (祿豐龍 en chinois). Pas étonnant puisque le premier squelette complet de dinosaure découvert en 1958 était déjà un Lufenfgosaurus chinois.
Le trésor comprend les restes de plusieurs individus à différents stades de développement.
Son découvreur, Robert Reisz, est un paléontologue de l’université de Toronto. Avec ses collègues, il a trouvé les fossiles de sauropodomorphes près de la ville de Lufeng, dans le Yunnan, une véritable mine de restes de dinosaures.
Reconstitution dde l'embryon de dinosaure à l'intérieur de son oeuf. Dessin : D Mazierski - Université de Toronto Pas moins de 200 os appartenant à environ 20 individus ont été analysés par une équipe internationale (Canada, Taïwan, Chine, Australie et Allemagne). «Nous ouvrons une nouvelle fenêtre sur la vie des dinosaures, a affirmé Robert Reisz. C’est la première fois que nous sommes en mesure de pister leur croissance embryonnaire. Nos résultats auront un impact majeur sur notre compréhension de la biologie de ces animaux.»
Comment faire parler un tas d’os minuscules? Les chercheurs se sont concentrés sur le plus grand d’entre eux, le fémur. La croissance de ce dernier se révèle très rapide. Il passe de 12 à 24 mm alors que le dinosaure est encore à l’intérieur de son œuf. La coupe du fémus révèle aussi un dense réseau de vaisseaux sanguins qui favorise la rapidité de la croissance. Une vitesse qui laisse penser que les Lufengosaurus avaient une courte période d’incubation.
Reconstitution d'un Lufengosaurus - via Wikimedia Commons L’équipe de Robert Reisz a également découvert que la forme des fémurs évoluait pendant cette période sous l’action des muscles de l’embryon. «Cela suggère, pour la première fois, que les dinosaures se déplaçaient à l’intérieur de l’œuf, comme le font les oiseaux actuels», note le paléontologue.
Pour lui, la rapidité de la croissance, probalement maintenue après l'éclosion, pourrait être lié à la nécessité d'échapper aux prédateurs en dépassant leur taille le plus rapidement possible. «Cela pourrait expliquer le gigantisme de ce groupe», avance-t-il.
Ce sont les membres taïwanais de l’équipe qui ont fait la découverte la plus controversée. Ils affirment en effet avoir trouvé de la matière organique à l’intérieur des os. Grâce à la spectrographie infrarouge, leurs analyses auraient mis en évidence des fibres de collagène, une protéine caractéristique des os. Incroyable… Une protéine vieille de près de 200 millions d’années…
Des protéines hors d'âge
«Les os sont transformés en pierre pendant le processus de fossilisation, explique Robert Reisz. Pour trouver des restes de protéines dans les embryons est vraiment remarquable, surtout sur des spécimens plus vieux de 100 millions d’années par rapport aux plus anciens fossiles contenant une matière organique.» Il sera sans doute nécessaire de confirmer cette découverte aussi passionnante qu'improbable.
Pour l’instant, seul un mètre carré du lit d’ossement a été fouillée et elle contient également des fragments de coquilles d’œuf dont l’épaisseur est inférieure à 100 microns. Les plus vieux jamais découverts sur Terre pour des vertébrés. L’étude a été publiée dans la revue Nature du 11 avril 2013.
M.A.
Source : http://www.slate.fr/life/70655/plus-vieux-oeufs-de-dinosaures-secrets-geants