De courrier-picard.frL’entreprise en charge de la dépigeonnisation du quartier Europe à Saint-Quentin rencontrait mardi les habitants pour leur expliquer ses méthodes. Les riverains ont préféré libérer les oiseaux.Après qu’une habitante a libéré les oiseaux, les agents ont sécurisé les cages pour éviter qu’il y ait d’autres incidents. LES FAITS
Depuis 2010, la Société de gestion immobilière (SGI) tente de chasser les pigeons, avenue Robert-Schuman. Des pics ont été posés sur les rebords du bâtiment dans un premier temps.
Le 28 mars 2013, les premières cages sont posées sur le toit du Simply Market pour piéger les oiseaux.
Début avril, plusieurs habitants commencent à manifester leur indignation concernant les méthodes de capture des volatiles.
Les agents de l’entreprise de dépigeonnisation La Camda, basée à Reims, ont eu le droit à un comité d’accueil digne de ce nom, mardi, alors qu’ils venaient chercher des pigeons piégés sur le toit du Simply Market, avenue Robert-Schuman. Depuis un mois et demi, l’entreprise, spécialisée dans la chasse aux nuisibles, installe des cages sur le toit du magasin pour capturer les oiseaux et les euthanasier.
Sous contrat avec la Société de gestion immobilière (SGI) pour la copropriété, elle a pour objectif d’attraper près de 800 pigeons jusqu’à l’automne prochain.
Mais cette campagne n’est pas du goût de tous les habitants. Alors qu’une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 10 000 signatures, une dizaine de riverains indignés prennent les choses en main sur le terrain. Hier matin, dès 8 heures, ils attendaient de pied ferme les agents pour faire savoir leur mécontentement. Parmi eux, une habitante n’a pas hésité à monter sur le toit avec une échelle et à libérer la trentaine d’oiseaux piégés dans les cages. Pris de court, le responsable technique, Jean-François Mahut, n’a pas pu l’en empêcher. « C’est un peu dommage comme réaction, surtout qu’il y avait un pigeon voyageur avec une bague dans le lot. On voulait le rendre à son propriétaire », regrette l’agent.
Attentif, malgré tout, à la colère des habitants, ce dernier venait justement expliquer ses méthodes de travail, hier matin. Il avait invité les mécontents à assister à un ramassage d’oiseaux « pour leur prouver que les pigeons ne souffrent pas ».
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Mais l’opération de communication a tourné court. Après l’envolée des oiseaux, les pro et les anti-pigeons n’ont pas trouvé de terrain d’entente et les professionnels n’étaient que très peu écoutés. Beaucoup d’habitants semblent en fait trop exaspérés par des années de conflit autour du problème des pigeons pour dialoguer sereinement.
Les piques « inefficaces »
Depuis quatre ans, la copropriété tente de trouver des solutions pour enrayer la prolifération des volatiles. Pendant trois ans, celle-ci a travaillé avec la société Avipur de Grugies qui a posé sur le toit des rangées de pics sur les rebords du Simply Market. « Ce n’est pas efficace, remarque Jean-François Mahut. Les oiseaux les évitent ou se percent les poumons dessus. Au fur et à mesure, ils font même leurs nids entre les pics. »
Après cette mésaventure et ne voyant pas le nombre de pigeons baisser, la copropriété s’est donc adressée à l’entreprise La Camda. « Au début, nous avons laissé entrer et sortir les pigeons dans les cages en les appâtant avec des graines et depuis quatre semaines, le piège a été enclenché ».
En à peine un mois, les agents ont ainsi capturé 400 oiseaux qu’ils ont ramenés dans leur entreprise pour les gazer au CO², avant de les congeler et de les transférer dans un centre spécialisé pour l’incinération des animaux.
« Nous avons été efficaces, c’est le moins que l’on puisse dire. Après, nos méthodes ne sont pas du tout cruelles. Les oiseaux sont relevés une fois par semaine et ils ont de l’eau et des graines. » L’homme qui assure être colombophile depuis près de 30 ans, espère qu’après cette campagne d’euthanasie d’autres moyens plus « pérennes » seront mis en place. « Nous proposons à la copropriété de mettre du gel répulsif à la place des piques, ça marche mieux et c’est moins dangereux. En parallèle, les habitants qui prennent tant à cœur la cause des pigeons pourraient mettre un pigeonnier et l’entretenir. »
Mais le professionnel rappelle que toutes ces installations ont un coût. Pour le gel, il faudra compter entre 8 000 et 15 000 ¤ et pour l’installation d’un pigeonnier, près de 5 000 ¤ d’achat et 30 000 ¤ d’entretien annuel.
VIRGINIE GUENNEC
Les pigeons sont-ils nuisibles ?
Porteurs de germes à risque pour l’homme, les pigeons ont mauvaise réputation. Depuis juillet 2012, les pigeons ramiers sont classés « nuisibles » par arrêté préfectoral sur l’Aisne. S’il est possible de les chasser au fusil, il est interdit de les piéger en cage. Le pigeon biset, lui, n’a pas de statut clair mais la réglementation autorise sa limitation par la capture et l’euthanasie.
Source : http://www.courrier-picard.fr/region/des-habitants-viennent-a-la-rescousse-des-pigeons-video-ia195b0n87784