De cyberpresse.ca
(Québec) Ça ne m'arrive pas souvent, mais aujourd'hui, je fais un peu de politique. Jean Piuze, membre du Club des ornithologues de Québec (COQ), m'invite à signer la pétition Ne perdons pas le Nord! Et c'est ce que j'ai fait sur-le-champ; peut-être devriez-vous faire de même.Parmi la cinquantaine de jaseurs boréals installés dans ce gros érable, il y en a un qui se distingue nettement des autres. On voit qu'il fait partie de la famille, mais il n'a pas revêtu le même plumage.
Geneviève Nadeau
Cette pétition est une initiative de Nature Québec (NQ) et de la section Québec de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Québec) à la suite de l'annonce en grande pompe du développement du Nord québécois. Il y a des craintes sur la protection du territoire et ces organismes réclament du gouvernement une promesse que 50 % du territoire du Plan Nord soit à l'abri des activités industrielles d'ici 2035. Cette promesse semble-t-il avait été faite, mais elle se serait perdue en cours de route et on ne protégerait que 12 % du territoire. Pire encore, selon un document signé Louis Bélanger, de Nature Québec, le gouvernement du Québec reviendrait sur sa décision prise en 2000 et qui garantissait pour des raisons écologiques la protection de 100 000 km2.
«Ce qu'il faut savoir sur cette partie de la forêt boréale québécoise, c'est que les peuplements qui la composent sont généralement de faible densité et d'une hauteur restreinte. La croissance des arbres est très lente, et la régénération, pratiquement nulle. De plus, les rares peuplements denses à l'intérieur de cette forêt sont essentiels pour la survie de la biodiversité, notamment celle du caribou forestier», écrit M. Bélanger.
Le nord de la province est d'une richesse incroyable sur le plan des ressources naturelles, mais il est, sans exagération, encore plus riche sur le plan écologique. Sa flore et sa faune sont uniques au monde et, pour les oiseaux, c'est un territoire de nidification de prédilection. C'est là que chaque printemps des milliards d'oiseaux déferlent pour nicher et assurent ainsi la continuité de l'espèce. C'est vrai pour les oiseaux, c'est vrai pour plein d'autres choses.
Voilà ce qu'on revendique
» Empêcher toute forme d'activité industrielle dans les territoires à conserver (50 % du Plan Nord).
» Identifier et protéger les territoires importants avant de déclencher des projets industriels.
» Créer des vraies aires protégées sur 20 % du territoire du Plan Nord, d'ici 2020.
» Planifier le plus rapidement possible la conservation d'écosystèmes importants et un développement respectueux de l'intégrité écologique du territoire.
» Reconnaître l'implication des Premières Nations, des Inuits et des communautés nordiques non autochtones dans l'identification et la gestion des territoires à protéger.
» Protéger l'ensemble de la forêt boréale non commerciale et compléter le réseau d'aires protégées dans la forêt boréale commerciale notamment pour assurer la survie du caribou forestier.
Pour manifester votre appui à cette noble cause, rendez-vous au www.neperdonspaslenord.org et suivez les étapes. Ça prend à peu près deux minutes. Au moment où j'écrivais cette chronique, 3775 signatures avaient été recueillies.
Minorité visible
En photographiant une bande de jaseurs boréals dans l'arbre de son voisin, Geneviève Nadeau, de Lévis, a remarqué que l'un d'eux, par ses couleurs ou son absence de couleur, se distinguait de la bande.
Voici ce qu'elle raconte : «Une amie m'a suggéré de vous envoyer cette photo. Je l'ai prise à mon retour de travail au début de l'année 2011. L'air était froid et quand je suis arrivée chez moi, une cinquantaine de jaseurs boréals prenait un bon repas dans mon aubépine. Ils se sont envolés à mon arrivée et sont allés dans l'énorme érable chez un voisin. Et là, j'ai pu les photographier à mon aise. Surprise, tout au milieu, il y en avait un différent parmi eux. Serait-ce un albinos?»
Peut-être en est-ce un, mais je pencherais plutôt pour un oiseau atteint de leucisme (albinisme partiel). Si c'était un albinos, il serait entièrement blanc, mais sur notre spécimen, on distingue, à travers les parties blanches, une certaine coloration, ce qui indique plutôt une forme de leucisme.