De cyberpresse.ca
(Québec) Éradiqués depuis 10 ans dans la région de Québec, les goélands reviennent sans cesse à la charge et tentent de reconquérir leurs anciens lieux de nidification. Et en dépit des technologies éprouvées pour les éloigner, une poignée d'irréductibles oiseaux refusent de quitter le territoire.En 14 ans, Jacques Pueyo a réussi à réduire la population de 60 000 goélands à quelque 400 représentants à Québec. Mais ceux-ci reviennent sans cesse à la charge.
Photothèque Le Soleil
Jacques Pueyo pourrait crier victoire. Depuis 14 ans, il est responsable de la lutte contre les goélands sur le territoire de la région de Québec. Il a réussi à réduire la population de goélands à Québec de 60 000 à seulement 300 ou 400 irréductibles représentants.
Et pourtant, le combat est loin d'être terminé contre ces oiseaux marins souvent vecteurs de maladie. «La bataille est gagnée depuis une dizaine d'années, mais les ennemis, les opposants, ne sont pas morts. Ils sont vivants à chaque année. Et ils tentent sans arrêt de revenir», explique le président de l'entreprise Agri-SX. Cet effaroucheur de goélands professionnel a reçu la semaine dernière un contrat annuel de 32 745 $ de la Ville de Québec, un signe que la vigilance est toujours de mise.
L'ère où les goélands importunaient les gens de Québec est bel et bien révolue, concède Jacques Pueyo. «Avant, le gros du groupe se trouvait dans la ville, à la terrasse Dufferin. Ils étaient très nombreux. C'était l'endroit où vous ne pouviez même pas manger un sandwich!» se rappelle-t-il.
Le lieu de l'ancienne usine Daishowa (devenue depuis l'usine Stadacona de Papiers White Birch) a longtemps été le lieu de prédilection des goélands à Québec. Pas moins de 45 000 d'entre eux se reproduisaient dans cette zone industrielle, avant que Jacques Pueyo ne les repousse plus loin vers L'Isle-aux-Grues.
«Il a fallu d'abord résoudre ce problème-là et ensuite empêcher les goélands d'aller s'installer dans la ville et s'installer au port.»
Aujourd'hui, les systèmes d'effarouchement d'Agri-SX sont toujours présents à l'usine Stadacona et ailleurs dans la ville. Il s'agit d'installations fixes émettant des sons s'apparentant à l'envol des rapaces. Les goélands sont terrifiés par ces sons et abandonnent ainsi ces lieux de nidification. En tout, 45 installations du genre sont réparties dans la région, dont 20 à l'aéroport de Québec. Ces dernières sont cruciales, une collision impliquant un oiseau et un avion pouvant s'avérer dangereuse.
La technologie fonctionne. Les résultats sont aux rendez-vous... Mais les goélands reviennent néanmoins à la charge. «Chaque année, vers le 27 mars, entre 5000 et 10 000 goélands viennent face à la colline de la Stadacona pour la récupérer. Pour pouvoir y nicher. Ils ont toute une mémoire, c'est dans leurs gènes de revenir à leur lieu de nidification. Ce qui est le plus difficile, c'est de les empêcher de nicher dans les endroits où ils avaient l'habitude de nicher. Ils sont très attachés à ces points-là», explique Jacques Pueyo.
Et il y a ces fameux irréductibles, les goélands qui rôdent en toute liberté dans la région, peu importe la répression aviaire. «On estime que l'été, il ne reste plus que 300 ou 400 goélands. J'en ai chassé 59 700, ce qui est quand même un bon pourcentage! souligne Jacques Pueyo. Les autres, ils sont par petits groupes, mais on ne pourra pas les faire partir. Ils sont de toit en toit, dans des positions diverses. On cherche surtout à ce que la population n'augmente pas, mais on ne pourra pas facilement enlever les derniers. Ce sont des irréductibles. Ils se déplacent, ils tournent dans plusieurs endroits, mais ils ne gênent pas.»
Les goélands modernes à proximité des villes ne se nourrissent plus de poissons, mais presque exclusivement de détritus. Ils absorbent ainsi de nombreuses substances toxiques et deviennent des vecteurs de maladie, ce qui explique la chasse à leur endroit.
À noter toutefois qu'aucun goéland n'est blessé d'une quelconque manière par les effaroucheurs. Les oiseaux sont tout simplement repoussés vers des lieux de nidification naturels et éloignés des grands centres urbains.