De tdg.ch
Amener Patrick Jacot, le fondateur du Centre ornithologique de réadaptation (COR), sur un autre terrain que la nature et les oiseaux n’est pas une mince entreprise. «Ma vie, c’est ça, s’exclame-t-il. Un coucher de soleil, une fleur, un martinet, c’est de l’émotion, de l’harmonie, un respect pour notre environnement.» Amener Patrick Jacot, le fondateur du Centre ornithologique de réadaptation (COR), sur un autre terrain que la nature et les oiseaux n’est pas une mince entreprise. «Ma vie, c’est ça, s’exclame-t-il. Un coucher de soleil, une fleur, un martinet, c’est de l’émotion, de l’harmonie, un respect pour notre environnement.»
Tout a commencé avec une mésange charbonnière. «J’avais 12 ans, elle était tombée en bas d’un mur, rue du 31-Décembre. Je l’ai ramassée, placée dans une cage, nourrie. Et relâchée après, bien sûr. Un oiseau n’est pas fait pour vivre enfermé, si ce n’est le temps d’être soigné.» A partir de ce moment, Patrick Jacot récolte tout ce qui souffre pour le remettre ensuite, en bon état, dans la nature. «Relâcher un oiseau, c’est le pied!»
C’est avec cet enthousiasme qu’il fonde le COR en 1975, avec deux amis biologistes et un microchirurgien. Dans les cages réunies à Genthod, dans la campagne, l’hiver a débuté, la neige s’engouffre à travers les grillages. Ici, un milan noir adulte avec un jeune, là un cygne dont le cou a été entièrement entaillé, un rare blongios nain récupère sous des ultraviolets, un pinson des arbres partage sa petite forêt avec un verdier. Tout ce monde a été opéré, nourri à la pipette dans un premier temps et réapprend à vivre de manière autonome. Au premier printemps, ils retrouveront la liberté. «Le râle d’eau, lui, va pouvoir regagner la roselière des marais de Sionnet d’ici quelques jours déjà.»
Chacun doit s’investir pour aider
Cet engagement ne pourrait se faire sans les nombreux bénévoles et les personnes bénéficiant du revenu minimum d’aide sociale. «C’est très enrichissant et satisfaisant de voir des personnes s’épanouir dans la nature en s’occupant d’oiseaux en difficulté et parfois même reprendre goût à la vie. En ce qui me concerne, j’estime que chaque être humain sur terre doit s’investir dans une mission pour venir en aide à des personnes en difficulté», affirme celui qui se définit volontiers comme un «gros nounours, gentil, Saint-Bernard».
En tout cas, il s’investit à fond. Ce qui en fait un homme de grande expérience qui aime transmettre son savoir. Sans bouder son plaisir ni compter son temps. Certes, plus pour le judo de son adolescence ou la montagne de sa jeunesse, ou encore, comme dans les années 80, pour contribuer à un programme de la Station ornithologique de Sempach consistant à baguer rapaces diurnes et nocturnes du canton de Genève et de certaines régions vaudoises.
Le fascinant martinet
S’il avoue manquer maintenant de terrain, une passion ne l’a jamais quitté après le recensement des hirondelles et des martinets, un programme lancé en 1982. «Le martinet (le noir que l’on connaît bien, l’alpin et, dans le sud, le rare martinet pâle) est un oiseau fascinant. Etonnamment, il n’intéresse pas les ornithologues. Je n’ai jamais compris pourquoi.» Lui, il l’aime. Et le défend. Il a posé 2000 nichoirs à Genève et d’autres à Lausanne, en convainquant les architectes de prendre en compte ces structures lorsqu’ils rénovent des bâtiments.
Patrick Jacot aime la faune locale, celle que l’on peut observer dans une nature proche de chez soi. «Les oiseaux exotiques, que l’on ne voit qu’en photo ou en cage (horreur!) ont moins d’attrait pour moi.» Il en voit pourtant parfois, écrasés dans les roues d’un avion qui atterrit à Cointrin en provenance des tropiques. En tant qu’ornithologue, il y est responsable scientifique de l’unité de Prévention du péril animalier (PPA), un des mandats du Bureau de travaux et d’études en environnement (BTEE), son employeur depuis 1997. «Nous œuvrons sur le tarmac mais nous sommes également responsables de la formation, ici ou par les programmes AirTrace dans leur pays, des agents agissant sur d’autres aéroports.»
COR
www.cor-ge.ch
31 janvier 1952
Naissance à Genève, originaire du Locle.
1971
Maturité scientifique et biologie animale à l’Uni de Genève.
1975
Création du Centre ornithologique de réadaptation.
1987
Certificat fédéral de capacité de gardien d’animaux à l’EPFL, option faune sauvage.
1979-1970
Naissances de ses cinq enfants.
1er avril 1997
Entre au BTEE en qualité d’ornithologue.
1999-2006
Conseiller municipal radical (plutôt Vert) à Pregny-Chambésy.
L.N.