De cherbourg.maville.com
Les oiseaux aussi peuvent être victimes d'une tempête. La dernière qui a soufflé sur le Cotentin en a fait plusieurs. Notamment des guillemots migrateurs, soignés à Gonneville au centre de sauvegarde par Nicole Girard.Nicole Girard, responsable du centre de sauvegarde des oiseaux marins de Gonneville, est aux petits soins avec les guillemots.
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A 73 ans, l'ancienne prof de sciences naturelles, Nicole Girard, est aux petits soins avec ses hôtes. Chez elle, dans un local jouxtant son habitation et le jardin où trônent volières et piscines pour animaux, elle s'occupe d'oiseaux victimes de Joachim. « J'ai un huîtrier pie affolé, une mouette tridactyle qui, dans la tempête, a dû heurter quelque chose et souffre d'une cécité nerveuse qui l'empêche de reconnaître la nourriture... J'ai aussi deux guillemots de Troïl récupérés affamés sur le rivage par des promeneurs qui me les ont emmenés ici à bout de force. »
Tout en vous disant cela, Nicole nourrit la mouette sonnée en glissant de petits poissons à l'intérieur même du bec : « Sinon, elle n'avalerait rien ». A deux pas, dans leur parc, les deux guillemots, des oiseaux qui migrent en nageant depuis l'Angleterre ou l'Écosse pour gagner le golf de Gascogne. « La tempête Joachim les a ballottés dans les vagues. Ils ont pris froid, ont perdu l'imperméabilité de leur plumage et ont été dans l'incapacité de se nourrir : leurs proies se réfugiant, à cause de la météo, plus profondément dans la mer », explique Nicole. L'un d'eux est passé de 700 g à 400 g : « Il aurait dû mourir ». Mais là, il se refait une santé, pépère.
Comme des nourrissons
« Si vous trouvez ainsi des oiseaux mal en point, pour nous les emmener ici, à Gonneville, aux Aulnays, explique Nicole Girard, il faut les tenir au chaud dans une serviette ou un vêtement et les mettre dans un carton avec des trous d'aération. Et surtout éviter d'avoir trop de gens à tourner autour car ils ont peur et le stress peut les tuer. » Prendre la précaution avant d'appeler au 02 33 22 93 02.
Nicole s'avance vers les guillemots : « Ils se débattent un peu au début, mais sont très sociables : ils ont compris qu'on prend soin d'eux : on les bichonne, on leur donne à manger. » Nicole ajoute : « Je m'en occupe comme de nourrissons : je l'ai nourri régulièrement ; ils prennent un bain en piscine. »
Nicole attrape les deux compères et les glisse dans un carton, une fois que ces deux lascars se sont goinfrés. Direction une des deux piscines. « Il faut qu'ils se baignent au moins deux fois par jour : afin que leurs pattes ne se dessèchent pas et pour refaire l'imperméabilisation de leur plumage, en le lissant. Comme les tuiles d'un toit, ils doivent les remettre en place afin que l'eau glisse dessus et n'atteigne pas le corps préservé ainsi du froid ». Une fois retapés, Nicole veillera à les relâcher en bord de mer, souvent à proximité d'une réserve naturelle.
En 2011, le centre de Gonneville se sera occupé de plus de 40 espèces différentes. Soit quelque 183 oiseaux. « Dont aussi des rapaces que l'on envoie, par colis, jusqu'au centre spécialisé de la Dame Blanche dans le Calvados. »
La tempête fait des victimes, le mazout de dégazages en mer toujours, des chasseurs qui tirent sur des espèces pourtant protégées et puis les voitures sont aussi de grandes prédatrices pour les oiseaux.
Yann HALOPEAU. Ouest-France