De nordinfo.com
À l'aube du printemps, le retour des oiseaux migrateurs approche à grands coups d'ailes, une occasion de faire un survol de la petite histoire de l'ornithologie québécoise.Photo MDF_Wikimedia
Oiseau peu commun dans les années 1970, la tourterelle triste est maintenant un résidant familier au Québec.
Le terme ornithologie vient des mots grecs «ornis» et «logos» qui signifient respectivement oiseau et connaissance.
Cette science est devenue un loisir pour un bon nombre de personnes lors de la publication, au début des années 1980, du premier guide en français sur l'identification des oiseaux sur le terrain.
Ce livre a déclenché un intérêt marqué pour l'observation des oiseaux. Les premiers éditeurs québécois dans ce créneau ont vendu plus de 100 000 exemplaires de leurs guides respectifs, un succès qui a donné des ailes à d'autres éditeurs pour lancer plusieurs nouveaux livres, dans les années 1990.
Disparitions et apparitions
Depuis le début de la colonisation européenne en Nouvelle-France, certaines espèces d'oiseaux ont disparu, alors que d'autres sont apparues dans le paysage québécois.
La disparition la plus célèbre et la plus tragique est certes celle de la tourte voyageuse. On raconte que des nuées de tourtes obscurcissaient le ciel en plein jour. Très prisée pour sa chair, cette espèce d'oiseau a été rayée de la carte du Québec pour ensuite s'éteindre, en 1914, dans un zoo de Cincinnati.
Outre la tourte voyageuse, trois autres espèces d'oiseaux de la province ont disparu en raison d'une chasse incontrôlée.
Établi en colonies dans l'estuaire du Saint-Laurent, le grand pingouin ne volait pas. Il migrait en nageant dans la mer et pouvait se rendre aussi loin que les rivages de la Floride ou de l'Espagne. Il était abattu pour récupérer ses plumes afin de fabriquer des matelas. Les derniers représentants de l'espèce ont été tués en 1844, en Islande.
Découvert en 1789, le canard du Labrador a été connu pendant moins de cent ans, le dernier individu étant anéanti en 1878. Ce canard marin fréquentait les côtes atlantiques de l'Amérique du Nord, du Labrador au New Jersey.
Oiseau nicheur des Territoires du Nord-Ouest, le courlis esquimau n'est pas considéré comme «officiellement disparu», mais l'oiseau n'a pas été signalé depuis plus de 35 ans. Il migrait en Amérique du Sud en suivant la côte atlantique. Des groupes étaient observés en automne, au Québec, notamment aux Îles-de-la-Madeleine, dernier endroit où il a été observé, en 1976.
Ces sombres disparitions sont quelque peu compensées par la venue de nouvelles espèces. Le moineau domestique et l'étourneau sansonnet, deux espèces d'Europe, ont été introduits en 1850 et en 1890, aux États-Unis.
Comme l'on sait, ces espèces ont connu une expansion phénoménale en Amérique du Nord, s'établissant même dans des villes de la toundra québécoise. La présence de ces espèces étrangères a bouleversé la vie de plusieurs oiseaux indigènes. Les biologistes estiment que la population actuelle de l'étourneau dépasse aisément le cap de 200 millions d'individus.
Plusieurs espèces indigènes ont agrandi leur territoire. Sait-on que des espèces d'oiseaux, aujourd'hui familières, étaient inconnues ou rares au Québec il y a à peine 50 ans?
Ainsi, en provenance du nord-est des États-Unis, la tourterelle triste, le roselin familier et le cardinal rouge, entre autres, ont poursuivi leur expansion en apparaissant d'abord en Montérégie pour ensuite gagner plusieurs régions du Québec.
Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l'apprentissage de l'ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.