De ouest-france.frC'est le premier combat gagné par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L'association de protection de la nature fête son centenaire ce week-end. À Perros-Guirec, évidemment.
1910. Des affiches sont placardées dans les gares des Chemins de fer de l'Ouest. Elles incitent les bourgeois à une sorte de safari breton : « La chasse aux calculots, ces perroquets de mer se terrant comme des lapins. » Ces chasseurs au fusil posent ensuite pour la photo, exhibant leur proie comme de valeureux chasseurs. En deux ans, l'opération est un véritable massacre pour ces oiseaux, mieux connus aujourd'hui sous le nom de macareux moines. De 20 000, la population de calculots des Sept-Iles aurait chuté à quelques centaines.
Première réserve naturelle de France
1912. Le 26 janvier, la section ornithologique d'une société savante parisienne prend le nom de LPO, Ligue pour la protection des oiseaux. En son sein, Albert Chappellier connaît le problème perrosien. La LPO alerte le préfet des Côtes du Nord. C'est le premier combat de la Ligue et c'est une victoire. Le 28 août 1912, un arrêté préfectoral interdit la chasse, la destruction et la vente des macareux sur le rivage de la mer et sur les îles. La réserve ornithologique des Sept-Iles est créée, première réserve naturelle de France. La LPO prend en charge sa gestion, un garde est nommé.
1950. La population des macareux, estimée à 7 000 oiseaux, atteint son apogée sur l'île Rouzic.
1967, 1978, 1980. Les oiseaux subissent de plein fouet les marées noires des Torrey Canyon, Amoco Cadiz et Tanio.
1976. Le réseau des réserves naturelles de France est créé, intégrant la première d'entre elles, les Sept-Iles.
2012. La LPO fête son centenaire, à Perros évidemment. Le petit perroquet est devenu l'emblème de la ville, donnant même son nom la résidence de personnes âgées, aux joueurs de rugby, de roller-hockey et à la navette de bus estivale. Les macareux de l'archipel sont de moins en moins nombreux : 175 individus comptés l'an dernier. « Sans doute l'effet du réchauffement climatique, avance Philippe de Grissac, directeur de la réserve naturelle des Sept-Iles et vice-président de la LPO. Leur nourriture habituelle, les lançons, se faisant rares, ils se rabattent sur du chinchard, un poisson plein d'arêtes qui étranglent leurs petits. »
On le voit, la protection des oiseaux passe par un combat plus large, de préservation de la nature et de sa biodiversité. C'est l'orientation prise par la LPO, devenue première association française de protection de l'environnement, approchant les 50 000 adhérents. Ce réseau, fédérant en fait plusieurs associations autonomes, s'apprête à changer de nom. Enfin, pas tout à fait. « On gardera le sigle mais sans le décliner Ligue de protection des oiseaux, et on ajoutera un nom ayant trait à l'action pour la nature », glisse Philippe de Grissac. Le mystère sera levé au congrès du centenaire, au centre des congrès de Trestraou, ce week-end.
Jeudi 7 juin, à 21 h, conférence-témoignage sur les Sept-Iles au palais de congrès de Trestraou.
Cécile KERNIVINEN.
Sources : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-En-1912-la-LPO-sauve-le-macareux-des-Sept-Iles-_22134-avd-20120602-62960514_actuLocale.Htm