De ornithomedia.comEtourneau unicolore (Sturnus unicolor) et situation de sa glande uropygienne.
Photographie : Aymeric Le Calvez Malgré le nombre croissant d'indices suggérant une importance possible de l'odorat dans la reconnaissance individuelle des oiseaux, le rôle des signaux chimiques dans leur sélection sexuelle n'a encore été que très peu étudié.
Dans un article publié en mai 2012 dans la revue Journal of Animal Ecology, des chercheurs espagnols ont voulu vérifier pour la première fois si un passereau, l'Étourneau unicolore (Sturnus unicolor), était capable d'identifier le sexe de ses congénères en analysant les signaux olfactifs émis et si sa glande uropygienne (la glande sébacée spécifique des oiseaux située au niveau du croupion) transmettait des informations sur le sexe, l'âge et le statut reproducteur d'un individu.
Pour cela, ils ont réalisé un test en aveugle pendant la période nuptiale : ils ont constaté que les étourneaux étaient capables de distinguer le sexe de leurs congénères à partir des signaux chimiques émis. Les mâles et les femelles préféraient les effluves masculines. En outre, l'analyse de la composition chimique des sécrétions de la glande uropygienne par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse (GC-MS) a révélé l'existence de différences en fonction du sexe, de l'âge et du statut reproducteur.
Cette étude a montré pour la première fois qu'un passereau pouvait distinguer le sexe de ses congénères par son odeur. Elle suggère aussi que les sécrétions de sa glande uropygienne pouvaient potentiellement constituer un signal chimique utilisé dans le choix du partenaire et / ou la compétition intrasexuelle de cette espèce..
Des analyses par chromatographie et spectrographie de masse des sécrétions de la glande uropygienne de la Mouette tridactyle (Rissa tridactyla) avaient aussi permis de découvrir que les odeurs des mâles et des femelles différaient quantitativement, ce qui suggère que l'odeur pouvait aussi jouer un rôle dans la reconnaissance sexuelle. Une "signature chimique" individuelle avait été identifiée dans les sécrétions de la glande et sur les plumes enduites avec celles-ci, laissant supposer que l'odeur pouvait jouer un rôle dans le choix d'un partenaire et dans l'étude de la possible compatibilité génétique.
Une autre étude avait montré que le Prion de la Désolation (Pachyptila desolata), un oiseau marin au système olfactif développé, était capable de reconnaître et de suivre l'odeur de son partenaire dans un labyrinthe en Y (contenant dans chaque branche l'odeur d'un individu diffusé par un flux d'air), ce qui laisse supposer l'existence d'une signature olfactive individuelle. Mais les auteurs de cette étude n'avaient pas pu démontrer si les prions pouvaient reconnaître le sexe d'un individu par son odeur.
Sources :
- Luisa Amo, Jesús M. Avilés, Deseada Parejo, Aránzazu Peña, Juan Rodríguez, Gustavo Tomás (2012). Sex recognition by odour and variation in the uropygial gland secretion in starlings. Journal of Animal Ecology. Volume 81, numéro 3, pages 605–613. Mai. http://onlinelibrary.wiley.com
- Bonadonna F, Caro SP, Brooke MdL (2009) Olfactory Sex Recognition Investigated in Antarctic Prions. PLoS ONE 4(1). http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0004148
- Sarah Leclaire, Thomas Merkling , Christine Raynaud, Géraldine Giacinti, Jean-Marie Bessière, Scott A. Hatch et Étienne Danchin (2011). An individual and a sex odor signature in kittiwakes? Study of the semiochemical composition of preen secretion and preen down feathers. Naturwissenschaften. Date : 25/05. http://www.edanchin.fr
Source : http://www.ornithomedia.com/infos/breves/breves_art1_333.htm