De ladepeche.frA l’école vétérinaire de Toulouse, des praticiens passionnés recueillent et soignent les animaux sauvages en difficultés ou blessés. Mais ils manquent de moyens.
TUn python qui surgit du Canal du Midi à l’heure de la sieste ? Pas de problème, Jean-Jacques Jouglar et Jean-Jacques Ducos de la Hitte sont là. À l’école vétérinaire de Toulouse, la clinique des oiseaux, du gibier et de la faune sauvage à l’habitude des situations d’urgence les plus abracadabrantesques.
«Nous sommes d’abord des cliniciens des oiseaux, souligne le docteur Jouglar, mais nous pouvons nous retrouver avec des animaux très exotiques à soigner». Lapins, rongeurs, reptiles, perroquets, cochons vietnamiens… Le bestiaire de compagnie a beaucoup évolué en quelques années. Tous les bobos de ces animaux un peu spéciaux finissent invariablement entre les mains de ces deux spécialistes assistés de deux étudiants chargés de consultation. «Nous fonctionnons 24 heures sur 24 et 365 jours par an», précise Jean-Jacques Jouglar, très fier de cette permanence et de cette continuité des soins. Qui ne concernent pas seulement les nouveaux compagnons domestiques. «Nous en recevons environ 1 300 dans l’année, explique le vétérinaire mais nous recueillons aussi près de 800 animaux sauvages». Des rapaces, hiboux, daims, chevreuils que l’étalement de la ville n’a pas fait disparaître: «Ce sont des particuliers ou des entreprises mandatés par les mairies qui nous les amènent». Ces «patients» sont chouchoutés. Ils restent parfois plusieurs semaines, le temps de se refaire une santé et d’être finalement rendus à la liberté.
Utiles mais fragiles
Ailes ou pattes brisées, traumatismes divers, problèmes digestifs : les pathologies sont variables. «En ce moment, nous avons pas mal de chouettes qui tombent du nid, nous faisons du nursing en suppléant les parents», s’amuse Jean-Jacques Jouglar. Un circaète au regard pénétrant vient d’arriver. Il a été trouvé du côté de Luchon, gisant sur la route. Le spécialiste avance déjà un diagnostic : «Je me demande s’il n’a pas été électrocuté». Vingt à trente rapaces blessés passent ainsi, chaque année, par le centre de la faune sauvage et une trentaine de chevreuils pas an. Avec un taux de mortalité de 50 %. Les vétérinaires ne peuvent pas toujours faire des miracles. «Nous sommes une structure utile pour les particuliers, les étudiants qui peuvent mieux comprendre les espèces, mais nous sommes fragiles, convient Jean-Jacques Jouglar. Nous avons de petits moyens et notre budget, déjà insuffisant, est remis en cause». Les menaces sont sérieuses. «Pour nourrir les animaux, il faut de l’argent», rappelle le vétérinaire, qui ne se résout pas à la fermeture d’une structure créée en 1999. Il est prêt, si besoin, à en appeler aux dons de particuliers et compte sur l’oreille attentive de la mairie. Sans garanties.
--------------------------------------------------------------------------------
Le chiffre : 800
animaux > Sauvages. C’est le nombre de «patients» qui passent chaque année par le centre de soins de la faune sauvage.
«Par manque de moyens financiers, notre centre est remis en cause, alors que nous rendons des services aux particuliers. C’est une structure utile.»
Jean-Jacques Jouglar, vétérinaire, responsable de la clinique des oiseaux du centre de soins du gibier et de la faune sauvage
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2013/06/09/1645713-ces-betes-sauvages-ont-besoin-de-vous.html