De canoe.ca
Le téléphone sonne, l’afficheur indique le 450. Une voix inquiète me raconte sans s’interrompre que ses oiseaux favoris ne se présentent plus aux mangeoires pourtant toujours remplies à ras bord.
Depuis un certain temps, elle a également remarqué un couple d’oiseaux de la taille de pigeons qui semble affectionner passablement l’espace aérien environnant.
N’écoutant que mon excitation, je me précipite. Aucun doute, un couple de faucons émerillons vient de transformer cette paisible banlieue aux jardins regorgeant de mangeoires en un endroit idéal pour élever leur petite famille.
Les faucons doivent leur appellation à ces ongles en forme de faux si efficaces pour agripper solidement leurs proies. En vol, leur silhouette compacte et petite est assez caractéristique avec des ailes courtes et très pointues contrairement à celles des éperviers plus arrondies.
De grands amateurs des favoris de nos mangeoires
Le mâle porte de jolies, mais discrètes moustaches tandis que son dos gris-bleu contraste avec une poitrine et un ventre roux. La femelle de ton plus brunâtre ou tacheté se confond mieux avec la couleur du sol, car une des stratégies de chasse c’est la poursuite rapide en rase-motte. Leur repas préféré comprend tous les petits passereaux qui agrémentent les alentours des mangeoires.
À la suite des premières disparitions de merles, de chardonnerets et de quelques autres, l’alerte aux intrus s’est répandue dans le voisinage comme une trainée de poudre. Tous les oiseaux se sont faits de plus en plus discrets pour finalement s’éloigner du dangereux quartier.
Des chasseurs furtifs et efficaces
Il faut dire que le petit chasseur adepte des plaines et des grands espaces s’est très rapidement adapté à la vie citadine. Installé au sommet d’un arbre géant ou d’un lampadaire, il répand la terreur en lançant de nombreux et stridents cris de guerre.
La tranquillité des petits oiseaux familiers et de leurs admirateurs vient de prendre fin d’autant plus que bientôt de 4 à 5 de leurs rejetons affamés vont réclamer de plus en plus de bonne bouffe. Pour suppléer, les parents n’hésiteront pas à agrémenter leurs repas de nombreux insectes et petits mammifères.
Au début seul le mâle exerce son vol rapide et furtif pour rapporter à la femelle l’imprudent volatile qui a osé défier son regard perçant. Mais dès les premiers signes d’émancipation des petits, elle se joint à son copain pour prouver elle aussi ses exceptionnels talents de chasseresse.
Environ un mois après leur éclosion, les jeunes apprennent leurs premières leçons d’attaques fulgurantes et dévastatrices. Fiers de leurs succès, ils sont étonnés par l’abondance d’une faune ailée aussi variée et ils se promettent de revenir dans ce sympathique quartier du 450 où abondent les mangeoires... À l’an prochain...
Repères
Extraits du livre:
Les oiseaux explorateurs (Éditions de l’Homme)
Nom français:
Faucon émerillon
Nom scientifique:
Falco columbarius
Description:
Mâle: Dos bleuâtre, dessous chamois rayé de brun, queue brune traversée de bandes blanches. Femelle: Dos brun, parties inférieures: Tons plus clairs et marqués de brun
Distribution:
Amérique du Nord, Amérique central, Antilles, nord de l’Amérique du Sud.
Spécialiste en médecine nucléaire, le Dr Jean Léveillé est un observateur et un photographe du comportement de la faune ailée depuis 25 ans. Collaborateur prolifique de nombreuses revues, il a publié, depuis 2003, cinq livres en français – Les oiseaux et l’amour, Les oiseaux gourmands, Drôles d’oiseaux, Les oiseaux explorateurs, Découvre les secrets des oiseaux – et un livre en anglais: Birds in Love. Sur son site Web, on découvre en outre les nombreuses autres activités de ce conférencier populaire et recherché: conférences, entretiens, présentations à des groupes variés (en particulier dans des écoles). Dans les pages de la section tourisme du cahier Weekend, le Dr Léveillé décrit ses aventures de photographe d’oiseaux, qu’il est allé observer dans plus de 105 pays.
www.jeanleveille.com