De lavantage.qc.ca
L’ornithologue Jacques Larivée a reçu du Regroupement QuébecOiseaux le prix Charles-Eusèbe-Dionne, une reconnaissance nationale qui souligne sa contribution exceptionnelle au développement et au rayonnement de l’observation des oiseaux.Jacques Larivée.
Cette passion pour les oiseaux, Jacques Larivée l’a ressentie et partagée durant toute sa vie, depuis le jour où, vers l’âge de sept ans, il a secouru un petit oiseau blessé par une balle de neige. « Ce petit oiseau rouge est demeuré imprimé dans ma mémoire. Je l’ai montré à ma mère et ce que je trouvais alors le plus difficile, c’était de ne pas être capable de l’identifier. » Ce moment particulier allait faire naître dans le cœur du petit gars de Sainte-Flavie le désir d’apprendre à connaître les oiseaux. Et cet intérêt ne s’est jamais démenti depuis.
Jacques Larivée a fait carrière dans le domaine de l’éducation durant plus de 30 ans, dont 18 ans à titre d’enseignant au Cégep de Rimouski, où il a ensuite assumé des fonctions administratives. La retraite qu’il a prise il y a cinq ans n’a en fait de retraite que le nom, mais il peut maintenant se consacrer à temps plein à une tâche qu’il a entreprise il y a 35 ans : développer une base de données unique au monde, l’Étude des populations d’oiseaux du Québec.
Le Québec a une tradition particulière en matière d’observation des oiseaux. « Nous notons de l’information sur les oiseaux à l’aide de feuillets d’observation depuis les années 40. En 1975, au moment où j’ai commencé à entrer sur un système informatique les fiches de données, nous avions 40 000 fiches. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 600 000. Au milieu des années 80, j’ai monté un réseau provincial de cueillette de données. Aujourd’hui, 30 régions ornithologiques nous fournissent de l’information et alimentent la banque de données. »
Les Américains ont adopté l’approche développée au Québec et les réseaux d’observation des oiseaux couvrent maintenant le monde entier. Les outils informatiques permettent, notamment, d’étudier les tendances des populations d’oiseaux, de connaître les variations dans le temps et l’espace. Ces données sont précieuses et documentent, par exemple, des études d’impact lors de la réalisation de projets éoliens ou autres. Elles permettent aussi d’identifier les espèces menacées, qui sont passées de 6 à une trentaine, en 15 ans, au Québec.
L’étude des oiseaux a conduit Jacques Larivée à s’intéresser de près aux changements climatiques, qui sont l’une des causes de diminutions observées chez des populations d’oiseaux, les autres étant liées à des pertes d’habitat (déforestation), au déclin de certaines espèces d’insectes, à la chasse, à l’augmentation des tempêtes qui causent des pertes chez les oiseaux migrateurs. Au Québec, on peut observer plus de 350 espèces d’oiseaux. Les deux tiers, environ, migrent lors de la saison froide.
L’observation des oiseaux est de plus en plus populaire. On estime le nombre d’observateurs à 1,5 million, au Québec, dont environ un millier sont des experts. De toutes les régions, environ 80 résultats d’observation parviennent quotidiennement à Jacques Larivée et à sa banque de données.
M. Larivée précise que les oiseaux forment la classe d’êtres vivants la plus étudiée au monde. On peut les observer partout et l’ornithologie est un domaine très documenté. Par leurs conférences et leurs sorties sur le terrain, les clubs d’ornithologues, comme celui du Bas-Saint-Laurent, font découvrir la passion des oiseaux à des milliers de personnes. Même s’il travaille toujours beaucoup, Jacques Larivée avoue avoir beaucoup d’énergie lorsqu’il est question des oiseaux !