De Ornithomédia
Contrairement à une idée répandue, nourrir les oiseaux en été n'est pas totalement négatif ni nuisible : cela peut même être utile alors que les parents nourrissent leurs petits qui ont récemment quitté leur nid. Mais à cause des températures élevées, il convient de prendre certaines précautions dans le choix des aliments et en matière d'hygiène pour limiter le développement des maladies.
C'est d'autant plus vrai alors qu'en ce mois d'août 2011, les cas de variole aviaire se sont multipliés parmi les Mésanges charbonnières britanniques.
Nourrir les oiseaux en été : oui, mais attention aux maladies
Pourquoi nourrir les oiseaux en été ?
Nourrir les oiseaux en été est certes moins essentiel qu'en hiver, mais il permet par exemple d'attirer des espèces absentes pendant la mauvaise saison (c'est surtout vrai en Amérique du Nord, avec les colibris, les orioles, tangaras, moqueurs ...).
Surtout, c'est la période au cours de laquelle les parents nourrissent leurs petits. Ils emmènent parfois les jeunes avec eux une fois que ces derniers ont quitté leur nord, ce qui permet à d'intéressantes scènes de nourrissage, et les adultes utiliseront aussi parfois les aliments que vous aurez mis à leur disposition.
Vous pourrez continuer l'apport de nourriture en automne, certaines espècs migratrices devant accumuler des calories avant leur trajet.
Mais avant la nourriture, le plus important en été (et toute l'année) est de mettre à disposition de l'eau propre, surtout lors des fortes chaleurs. Placez-la dans un récipient peu profond (5 - 7 cm) comme une soucoupe, un dessous de pot, un couvercle de poubelle renversé .... Il existe aussi de beaux abreuvoirs dans le commerce.
Nous avons consacré différents articles sur l'importance de l'eau :
- Fournir de l'eau
- Pensez à mettre de l'eau à disposition des oiseaux
Quoi donner ?
En été, il faut donner peu et souvent, car la nourriture se gâte plus souvent qu'en hiver et que les oiseaux sont moins nombreux.
Vous pouvez distribuer de petites portions de pains de graisse en les plaçant à l'ombre. De nombreuses espèces les distribueront à leurs petits, notamment comme les insectivores (merles, pics, mésanges, ...). pour leur donner de l'énergie. Il faut utiliser des mélanges qui ne fondent pas rapidement : il en existe dans le commerce (comme ceux de Vivara ou de Duncraft) ou vous pouvez les réaliser vous-mêmes, par exemple en faisant fondre du saindoux et du beurre d'arachide au micro-ondes et en y ajoutant de l'avoine, de la semoule de maïs, de la farine blanche, du sucre, des graines de tournesol et des raisins secs, en versant le mélange dans un récipient qui sera stocké au congélateur puis découpé et distribué tout au long de l'année. Plusieurs sites web proposent des recettes, comme celui-ci (en anglais) : www.sialis.org.
Vous pouvez également mettre à disposition des insectivores des vers de farine vivants vendus dans les animaleries et appréciés par les merles et les mésanges.
Des graines de tournesol décortiquées non salées seront aussi appréciées.
Les cacahuètes devront être exemptes d'aflatoxine et non salées.
En Amérique du Nord, les distributeurs de sirops seront attractifs pour les orioles et les colibris et leurs jeunes.
Les fruits frais (oranges, raisins, bananes ou pommes) seront appréciés par exemple par les Turdidés (merles, grives, ...) adultes et jeunes. Évitez les fruits pourris.
Ne donnez pas de lait : beaucoup d'animaux sont intolérants au lactose qui peut provoquer des diarrhées, et donc la déshydratation et la mort. Il est par ailleurs également mauvais pour les dents des hérissons. Il est déficient en fer et peut provoquer un déséquilibre alimentaire. En cas de sécheresse, les animaux peuvent être poussé à boire du lait plutôt que de l'eau, ce qui n'est pas bon pour eux. Le lait caille facilement et favorise le développement des bactéries.
Le pain est moins dangereux mais il n'est pas nutritif : il est préférable de distribuer des miettes de gâteau ou de biscuits, et les flocons d'avoine sont aussi très populaires auprès de nombreux oiseaux.
Un point important : l'hygiène
L'hygiène est essentiel lors du nourrissage estival : les mangeoires doivent être nettoyées souvent pour empêcher les bactéries et autres maladies de se développer.
Lavez les mangeoires au moins une fois par mois selon le nombre de visiteurs et la température.
Nettoyez les perchoirs avec une solution faiblement javellisée pour prévenir la propagation des salmonelles.
Le nettoyage des mangeoires à sirop (pour les colibris en Amérique du Nord), fruits et pains de graisse devra être réalisé fréquemment par temps chaud, au moins fois par semaine et parfois quotidiennement.
Distribuez des semences de bonne qualité, sans graines de sorgho que les oiseaux sauvages ne mangent pas : elles peuvent germer et pourrir, créant un environnement parfait pour le développement de maladies.
La même préoccupation de propreté doit s'appliquer pour les points d'eau : dans certaines régions d'Amérique du Nord, le virus du Nil occidental est transporté par un moustique qui se reproduit dans les eaux stagnantes. Il est donc nécessaire de vider les bains quotidiennement et les remplir avec de l'eau fraîche. Plus globalement, les algues, bactéries et parasites peuvent se développer rapidement dans l'eau chaude en été : videz l'eau pratiquement chaque jour. Idéalement tous les trois jours, nettoyez les récipients avec une petite quantité de produit désinfectant, laissez bien sécher avant de les remplir à nouveau.
La variole aviaire progresse en Grande-Bretagne en août 2011
Comme nous l'avons évoqué, l'hygiène est important lors du nourrissage estival des oiseaux, surtout lorsqu'une maladie se répand. C'est le cas de la Grande Bretagne en ce mois d'août 2011 : la variole aviaire touche de plus en plus d'oiseaux dans le sud du pays, essentiellement des Mésanges charbonnières (Parus major).
Le virus de la variole aviaire a été découvert pour la première fois chez cette espèce en Scandinavie dans les années 1970, puis plus récemment en Autriche, République tchèque et Slovaquie. En 2006, des scientifiques ont trouvé le premier cas au Royaume-Uni. En 2010, le virus a atteint Wytham Woods dans l'Oxfordshire (au sud-est du pays), où vit une population de mésanges surveillée par des scientifiques depuis 1947.
Cette maladie virale affecte une grande variété d'espèces dans le monde. Des cas sporadiques ont ainsi été détectés depuis 2005 en Grande-Bretagne par exemple chez les Pigeons ramiers (Columba palumbus), les Accenteurs mouchets (Prunella modularis), les Moineaux domestiques (Passer domesticus), l'Étourneau sansonnet (Sturna vulgaris) et les Mésanges charbonnières, surtout à la fin de l'été.
La variole a des effets plus ou moins graves selon les espèces, les Mésanges charbonnières étant les plus sévèrement touchées : leurs lésions peuvent en effet être très graves. Elles développent des excroissances verruqueuses ou des lésions de type tumoral sur la tête (surtout près des yeux et du bec), les pattes, les ailes, ou d'autres parties du corps. Elles sont généralement grises, roses, rouges ou jaunes. Les oiseaux infectés semblent toutefois se nourrir et se déplacer normalement.
Personne ne sait si les infections sont mortelles, mais les lésions peuvent gêner l'oiseau pour voir ou voler, ce qui signifie diminue leurs chances de survie. Le virus peut se propager par piqûres d'insectes (moustiques, mites, mouches), par contact direct entre oiseaux ou par contact indirect via les endroits où les oiseaux se rassemblent comme les perchoirs ou les mangeoires. Il est persistant pendant des semaines ou même des mois.
Nous ne savons pas excatement dans quelle mesure les différentes espèces d'oiseaux sont sensibles aux différentes souches du virus de la variole aviaire. Cependant, la maladie pourrait être transmise aux p volailles et aux oiseaux de cage et de volière.
Bien que les grandes excroissances des oiseaux touchés soient très caractéristiques, certaines plus petites ou moyennes peuvent facilement confondues, par exemple avec des tiques. La maladie ne peut être confirmée que par un examen post-mortem et des tests de laboratoire. Alors qu'un traitement peut être tentée chez des oiseaux en captivité, le traitement efficace des oiseaux dans la nature n'est pas possible.
Des chercheurs anglais d'Oxford tentent d'isoler et de séquencer les gènes du virus de la variole aviaire pour savoir si oui ou non il s'agit de la même souche qui affecte les oiseaux d'Europe centrale.
Les mesures de prévention contre la variole aviaire
Le virus de la variole aviaire ne semble pas être infectieux pour les humains ou les autres mammifères. Cependant, les oiseaux peuvent aussi être porteurs de bactéries qui peuvent affecter les humains et les animaux domestiques comme Salmonella, Campylobacter et E. coli.
Il est recommandé de suivre des règles d'hygiène classiques lors du nourrissage et de la manipulation des mangeoires qui permettront de limiter les risques d'infection et de propagation :
- nettoyer et désinfecter les mangeoires régulièrement, par exemple de façon hebdomadaire. Des désinfectants appropriés comprennent une solution faible d'eau de Javel domestique (hypochlorite de sodium à 5%). Il faut toujours rincer soigneusement les mangeoires et les sécher à l'air avant leur réutilisation;
- ne pas utiliser les brosses et ustensiles de nettoyage des mangeoires pour d'autres usages et les laisser à l'extérieur loin des zones de préparation des aliments;
- porter des gants en caoutchouc lorsque vous nettoyez les mangeoires et se laver soigneusement les mains et les avant-bras à l'eau savonneuse, surtout avant de manger ou de boire;
- éviter de manipuler les oiseaux malades ou morts directement;
- les aviculteurs qui ont trouvé des espèces sauvages infectées devraient réduire l'exposition de leurs oiseaux aux insectes piqueurs quand cela est possible, éviter tout contact entre les oiseaux sauvages et captifs, rendre les mangeoires et points d'eau destinés aux oiseaux sauvages inaccessibles aux oiseaux d'élevage, et se laver et désinfecter soigneusement les mains après avoir manipuler des mangeoires et autres équipements.
Lorsqu'une éruption de variole aviaire se déclenche, des mesures générales de contrôle des maladies des populations d'oiseaux sauvages devraient être adoptées :
- assurer une hygiène optimale des mangeoires, y compris via la désinfection;
- nettoyer quotidiennement les points d'eau;
- diminuer progressivement la quantité de nourriture distribuée pour diminuer les concentrations d'oiseaux, et la ré-augmenter peu à peu tout en continuant à surveiller les signes de la maladie;
Pour aider au contrôle et à la prévention de la transmission de la maladie toute l'année, il est conseillé :
- de nettoyer les mangeoires;
- de mettre à disposition de l'eau potable propre et fraîche quotidiennement;
- de distribuer des produits alimentaires frais et de qualité;
- de changer les emplacements des mangeoires dans le jardin pour éviter l'accumulation de contaminants dans une zone donnée, et de faire attention aux aliments tombés au sol.